Pages

Cette école d'Arts Martiaux Traditionnels a été fondée à Bordeaux en 1975 par Frédéric DUPERTOUT. Par la forme et par l'esprit, elle ne le cède en rien aux écoles traditionnelles d'arts martiaux que l'on rencontre au Japon. Le karaté, le ju jitsu que l'on y enseigne sont issus des plus vieilles techniques que le Maître SANO Teruo reçut de ses anciens maîtres, et qui furent rassemblées sous le nom de "YOSEIKAN SANO RYU " - et plus récemment - "SANO RYU KARATE JUTSU" _________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ A PROPOS DU COPYRIGHT... Les éléments contenus dans le présent site (textes, photos, images, dessins, vidéos, sons), sauf bien sûr ceux relevant du domaine public, sont la propriété exclusive des Ecoles Bushido ou de leurs auteurs/créateurs. Ils sont issus des collections et archives privées de Maître Frédéric Dupertout, de Maître Mireille Auda, des éditions du Cercle du Jardin Public et de l'association des Ecoles Bushido. Toutes ces archives sont soumises au droit d'auteur. Elles ne peuvent en aucun cas être reproduites, modifiées, diffusées sans l'autorisation écrite et préalable des ayants droits

dimanche 27 juillet 2014

HUMILITE ET MODESTIE DANS UNE ECOLE D'ARTS MARTIAUX

Certains pensent qu'il est souhaitable de se sous-estimer, de se dévaloriser, en un mot de rester humble. Et tant qu'on y est, on pourra aussi dénigrer son pays, sa culture, l'héritage de ses ancêtres, etc.

Cette attitude me met mal à l'aise. Il est rarement avantageux de se laisser humilier par quelqu'un, mais si on doit, en plus, s'y complaire, on peut se poser quelques questions...

L'humilité se justifie dans certains domaines, essentiellement vis à vis d'une divinité, ou même d'un mythe fondateur. Par contre, rien ne s'oppose à cultiver une certaine modestie. C'est complètement différent, et il serait dommage de confondre les deux mots.

Autant l'humilité est dégradante, autant la modestie, qui consiste à avoir une idée exacte et sans prétention de nos capacités, n'empêche pas une juste fierté. Cette attitude respectera absolument ceux qui n'ont pas les mêmes facilités naturelles et qui, dans une école d'arts martiaux, pourraient souffrir de comportements prétentieux.

Il est plus facile de mettre en avant ses faiblesses que ses points forts, car ainsi, on aura moins de responsabilités : "ne me demandez rien, je suis beaucoup trop faible !"... On voit quantité de façons de se tenir en retrait : ne pas prendre position, ne pas participer à la conversation, ne pas oser se présenter à un examen de passage de grade, privant ainsi le groupe d'un leader supplémentaire. Même si on voit les choses uniquement sous l'angle personnel, on sait qu'il vaut toujours mieux faire partie d'un ensemble fort et qui nous protège.

La question n'est pas tant de savoir si l'on est important (on l'est !), mais de savoir que le groupe dont on fait partie est important.

Alors, souvenons-nous que les gens modestes sont très agréables à fréquenter, mais que par contre, l'humilité a quelque chose de malsain, qui met mal à l'aise. Il n'y a rien de plus contraire à la voie des arts martiaux que de mépriser ses talents, si modestes soient-ils en apparence.

En visionnant une vidéo d'une rencontre où notre école avait fait une impeccable démonstration, j'ai été frappé par l'attitude de nos participants : la tête haute, le maintien poli et réservé, la tenue irréprochable.


Tout commence là...

A très bientôt.

mercredi 11 juin 2014

AVEZ-VOUS LU "HORACE" ?

Pierre Corneille (1606-1684)
Avez-vous lu "Horace" ? C'est une tragédie écrite par Pierre Corneille, jouée pour la première fois en mars 1640 et que l'on étudiait en 4ème, il n'y a pas si longtemps.

La pièce évoque un combat fameux qui s'est déroulé près de Rome sous le règne d'un de ses premiers rois, Tullus Hostilius (673 - 641 av. J.C.).

A l'époque, un même peuple, nouveau venu en Italie, avait fondé les villes de Rome et d'Albe. Malgré la présence de membres de mêmes familles dans l'une et l'autre cité, les tensions prenaient un tour dramatique car il s'agissait de savoir laquelle des deux dominerait le pays. Or, à force de s'entretuer, les deux armées s'affaiblissaient dangereusement. Il fut donc décidé de choisir de part et d'autre les trois meilleurs combattants, et de les faire se battre pour savoir quelle ville aurait la position dominante. A Rome : les trois frères Horatius, à Albe les trois frères Curiatius. Et tant pis pour les liens familiaux entre les Romains et les Albains.

Le combat
Dès le premier choc, deux frères Horaces furent tués et les trois Curiaces blessés plus ou moins grièvement. Au grand désespoir de sa famille et de ses proches, le seul survivant Horace prit la fuite devant les trois Curiaces, mais ceux-ci ne pouvaient pas courir tous les trois à la même vitesse. Le moins blessé prit de l'avance sur ses frères, fit face à Horace encore intact qui le tua facilement, puis ce fut le tour du second, et enfin du troisième.

Le Serment des Horaces
(Jacques Louis David - 1784)

Cet épisode légendaire et qui remonte aux origines de notre culture gréco-latine nous montre, une fois de plus, ce qui attend les courageux imbéciles qui croient encore réussir en se passant de l'aide des autres.

Cette histoire a traversé les siècles, et même les millénaires, et s'applique donc au combat de guerre comme à celui, virtuel, du temps de paix. Il concerne les individus comme les groupe humains.

Il serait dommage de l'oublier.

A bientôt !

dimanche 18 mai 2014

MALHEUR A L'HOMME SEUL *

* Vae Soli (Ecclesiaste, IV.10)

La perpétuation de notre espèce est basée sur la coopération. Il suffit de voir la puissance et l'efficacité des trusts et des lobbies et notre vulnérabilité en tant que personne isolée pour avoir une idée de ceux qui survivront.

Eh bien, malgré tout, il y a encore de joyeux naïfs qui rêvent de réussir seuls, sans rien devoir à personne. Le plus ahurissant est qu'ils sont nombreux ainsi, tout en redoutant la puissance des groupes organisés. Très nombreux...

Il y a deux sentiments souvent liés à ce fantasme du self-made-man : se sentir trop supérieur pour perdre son temps et son énergie à collaborer avec des minables, ou bien au contraire se juger trop médiocre pour espérer présenter un quelconque intérêt dans une action commune.

Il y a aussi, bien sûr, les gros malins qui ont pris l'habitude de se servir de ce que d'autres réalisent par leurs efforts, mais sans mettre la main à la pâte, on s'en doute ! On appelle ces gens des parasites et nous en connaissons tous. Il faut remarquer qu'il existe dans le monde animal des espèces parasites, certes, mais elles vivent en général au détriment d'espèces autres que la leur. Je n'irai pas jusqu'à dire que chez nous les parasites se considèrent comme étant d'une autre espèce, mais le moins qu'on puisse dire est qu'il ne faut pas trop se laisser approcher par eux.

Il est essentiel de repérer les parasites et de les éloigner. Mais il faut être tout aussi attentif à ne pas en être un soi-même car, outre que cela dénote une attitude infecte, il y a de fortes chances de se faire repérer et rejeter. Aucune entreprise ne peut survivre à la présence des parasites.

Pour en revenir à ceux qui se sur-estiment ou se sous-estiment, ni l'une ni l'autre de ces positions, au demeurant nécessairement fausses, ne justifient la non-coopération à une oeuvre commune : dans un organisme constitué, la défection d'un seul pénalise l'ensemble. La défection d'un seul...

Et si le véhicule marche mal, tous ses occupants arriveront fatigués et en retard.

dimanche 4 mai 2014

EXTREMISME

Les pratiquants d'arts martiaux japonais, quand ils ont la curiosité de lire les écrits des anciens maîtres, sont souvent surpris devant l'insistance des classiques sur la nécessité de l'extrémisme.

Comme il s'agit là d'un mot piégé (encore un, décidément...), il va provoquer des réactions automatiques de rejet, et on aura bien du mal à en débattre sereinement, en comparant les arguments. La plupart de ceux avec qui vous en parlerez ne démordront pas de leurs clichés : "Je suis contre tous les extrêmes". Il est vrai que quand on a des certitudes, il n'est nul besoin d'arguments !

On notera quand même une exception pour le "sport extrême" qui, lui, est l'objet de toutes les louanges. Allez comprendre !

Eh bien, à ceux-là qui préfèrent la modération, je m'amuserai à poser quelques questions. Par exemple :

- Comment vas-tu ?
- Mmm, moyen...
- Et ton boulot ?
- Moyen aussi...
- Bon, tant qu'on a la santé !
- Justement, ça va pas très fort.
- Je vois... Tes amours ?...
- Tout ça c'est pareil, très très moyen... 

On voit qu'à force d'être "moyen" l'ensemble est assez désastreux. Si vous poussez un peu les choses, vous constaterez que tous ces somnambules aux réponses stéréotypées sont pourtant assez incohérents. Ils préfèrent :
  • une épouse extrêmement fidèle plutôt que moyennement
  • voyager dans un avion extrêmement bien entretenu avec un pilote extrêmement bien formé
  • avoir affaire à des commerçants extrêmement honnêtes
  • se faire opérer par un chirurgien extrêmement compétent 
 
    La liste n'a pas de fin.
    Il ne faut pas oublier non plus la délicatesse et le sens de la nuance : on peut être extrêmement délicat ET extrêmement nuancé...
     


    Il existe en Inde une des plus anciennes religions du monde : le JAÏNISME. La non-violence des jaïns est telle qu'ils portent un léger tissu sur le nez et la bouche de peur de tuer un moucheron en l'avalant par mégarde, ils balaient le sol devant eux pour éviter de marcher sur un être vivant, etc. (1) 

    Symbole du jaïnisme
    (au centre l'inscription
    "non violence")
    Eh bien, si nous n'avions chez nous que les extrémistes de pareils extrémistes, nous pourrions dormir tranquilles non ?

    Vous qui habitez Bordeaux, peut-être aimeriez-vous connaître le sort des modérés pendant les périodes où la violence se déchaîne ? Alors allez voir place des Quinconces et regardez bien autour de vous, voire vers le ciel, pourquoi pas... Et méditez.


    A bientôt !
    ___________________________

    (1) C'est aux jaïns que le bouddhisme, bien plus tard, a emprunté cette idée de non-violence, ainsi que Gandhi, bien que de manière plus schématique..

     

    mercredi 16 avril 2014

    TRICHER

    Comme tous les mots piégés, celui-ci provoque des réactions automatiques, des prises de position aussi tranchées que vertueuses, généralement accompagnées d'un froncement de sourcil indiquant clairement que le sujet ne saurait souffrir de débat. Que ce joli sourcil soit délicatement épilé, surplombant des cils soigneusement maquillés (maquillés, vous avez dit maquillés ?...) ne semble troubler personne, pas plus que le costume seyant qui vous rendra plus séduisant...

    Dans le combat, Sun Tzu, repris plus tard par bien d'autres, enseigne que le combat est l'art de la tromperie. De même, tout entraînement vise à augmenter vos chances, c'est-à-dire à tricher, bien sûr !

    Pour un croyant, la prière est en fait une demande de passe-droit. Trivialement, on parlerait de piston...

    Mais enfin, a-t-on le droit de tricher à un examen ? 


    J'ai connu une très jolie fille qui, soucieuse de ne rien laisser au hasard, avait vécu une histoire passionnelle (vraiment) avec son professeur, d'où un exceptionnel résultat : 18/20. Ce qui lui a assuré une situation convenable ! Certaines, plus "conventionnelles", épousent un bon parti. Je trouve la première manoeuvre plus intelligente, beaucoup plus.


    Il m'est parfois arrivé de présider des jurys d'examen officiel. J'ai toujours été frappé par l'attitude des membres du jury, décidant souverainement qui pourrait ou ne pourrait pas travailler - c'est-à-dire vivre ! Des dieux en quelque sorte... "On ne peut pas laisser n'importe qui faire n'importe quoi !". Il est vrai que le niveau des candidats était parfois un peu faible. Généralement je commençais par les rassurer. Il n'y aurait pas d'échec. A chacun d'eux par la suite de faire en sorte de devenir un bon professeur s'il voulait garder ses élèves.

    En fait, qu'appelle-t-on "tricher" ? C'est transgresser des règles imposées par les autres. Or, les budo nous enseignent de ne jamais combattre, si l'on peut, en respectant les règles des autres. Pourquoi ne serait-ce pas le contraire ?!

    Si l'on veut respecter quelques règles d'éthique, et donc surtout se respecter soi-même, il nous reste quelques détails, mais qui changent tout :

    On ne transige pas avec : 
    • la parole donnée
    • la loyauté envers ceux qui nous font confiance
    • les engagements avec soi-même (par exemple : être dur pendant le combat et secourable après la victoire). 
    Et de manière générale, c'est lorsqu'on triche avec soi-même que le juge qui est en nous risque de se montrer méprisant.

    Enfin, on se souviendra que le mot lui-même ne signifiera plus du tout la même chose si on triche avec une institution, une personne, ou soi-même.
     
    Les Tricheurs - Le Caravage (1594-1595)


    A très bientôt !

    mardi 25 mars 2014

    EN REPONSE AU COMMENTAIRE FAIT A MON DERNIER BILLET ("L'ATTITUDE JUSTE")

    A PROPOS DE LA BIENVEILLANCE ET DE LA DROITURE DANS LEUR RAPPORT AVEC L'ATTITUDE JUSTE...

    A première vue, on peut se demander quel est le rapport entre l'attitude juste et ces deux types de comportement.

    Ils évoquent en effet des formes d'éducation un peu surannées, un peu démodées et sur lesquelles insistaient les Bons Pères des écoles chrétiennes. Et pourtant...

    L'attitude juste ne doit pas grand chose à la réflexion, elle est en grande partie irrationnelle car elle est le fruit de l'intuition. Cette intuition, élément assez déroutant de l'esprit humain, est une perception directe, et à ce titre, elle est plus sûre et plus fiable que le raisonnement. Encore faut-il que le mental ne la perturbe pas.

    La malveillance, la haine et la colère ont leur raison d'être dans certains cas très précis, mais ce sont, qu'on le veuille ou non, de puissants perturbateurs du mental. On se souviendra que le deuxième yoga sutra de Patanjali nous dit : Le yoga est l'inhibition des modifications du mental. Plus simplement : la colère est mauvaise conseillère !

    La droiture, quant à elle, est le contraire du mensonge sous toutes ses formes et ce n'est pas par hasard que les plus anciennes traditions, y compris le yoga, déconseillent le mensonge qui désorganise tout, y compris le menteur.

    Voilà pourquoi, loin d'un angélisme naïf, on peut affirmer que bienveillance et droiture permettent aux perceptions les plus fines de se manifester avec sûreté.

    Merci pour votre commentaire...
    A la semaine prochaine.

    dimanche 23 mars 2014

    L'ATTITUDE JUSTE

    L'attitude juste est celle qui permettra d'obtenir les effets voulus sans provoquer d'effets pervers. Certaines personnes semblent la porter avec eux tandis que d'autres peuvent, à l'nverse, montrer un véritable génie pour mutltiplier les situations pénibles, ou même pires !

    Partant du principe que tout agit sur tout et peut mener à un conflit, toute situation doit être évaluée en permanence, ainsi que tout ce qui peut en découler, avantageusement ou pas.

    Pour simplifier, il faudra CHOISIR :
    • se montrer : affable, coniliant, ferme, dur, courageux ou "cinglé".
    • le conflit devra éclater : maintenant, plus tard, jamais.
    • les conséquences seront : avantageuses, hasardeuses, catastrophiques.
    Ceci donne une idée très sommaire de la vie courante car tout y évolue de façon brutale mais aussi subtile. Cette attitude juste de chaque instant ne s'improvise pas. Il faut constamment s'exercer à évaluer les gens avec leurs qualités et leurs points faibles, deviner qui ils sont derrière leur masque, avec quels éléments extérieurs il faudra composer, et surtout de quoi seront faits demain, et après demain.

    Si l'on s'exerce bien dans la perception de tous ces détails, lorsque tout est encore calme, nous pourrons en un instant, sans réfléchir, avoir le coup d'oeil, l'intuition, l'intelligence de la situation. En revanche, tout cela manquera de fiabilité si vous oubliez, ou s'il vous arrive d'oublier ces maîtres-mots : la bienveillance et la droiture.

    A très bientôt.