Le danger est une expérience profonde. Pas toujours agréable, mais profonde. Il est par nature lié au changement et c'est pourquoi on a presque toujours tendance à se maintenir fermement sur ce que l'on connaît plutôt que de changer et de se diriger vers quelque chose de radicalement différent.
Un mode de vie protégé, stable, dans lequel on se sent en sécurité est évidemment propre à séduire, - on ne construit pas de maisons sur les volcans - mais au prix de quelles conséquences ?
Tant qu'il n'y a pas de souffrance, il n'y a pas d'évolution. En effet, il n'y a aucune raison d'évoluer si tout va bien. Pas d'évolution, donc pas de développement. Et ceci concerne aussi l'intelligence. Sans être trop méchant, on peut constater le fait chez ceux qui ont réussi à se mettre durablement à l'abri.
Heureusement pour l'espèce (pas pour les individus !) la nature veille et elle n'est pas très charitable, et elle se chargera vite de faire souffrir ceux qui se seront engourdis au point de perdre tout sens du danger. Ceux qui seront trop dégénérés pour se ressaisir et évoluer, risquant fort d'être éliminés pour laisser leur place à d'autres. La nature fonctionne ainsi. Pour les individus et pour les groupes.
Se mettre à l'abri du danger comporte donc ses effets pervers, mais perdre la notion même du risque sera sans doute encore pire. On parle souvent de "sentiment d'insécurité", mais le "sentiment de sécurité", forcément illusoire, ne peut mener qu'à des résultats encore plus désastreux.
Tout évolue, rien n'est stable et le péril est partout. La réponse ne peut être que dans l'éveil de la conscience, dans la réactivité de la perception.
Il semblerait que ce soit ainsi que se développe l'intelligence.