Bordeaux est une ville privilégiée, où les habitants ont hérité de leurs aïeux un caractère calme et poli. Peut-être est-ce dû au fait que les guerres ont épargné la ville, depuis sa reconstruction, en 732, pour cause de passage des musulmans en route vers Poitiers... et d'extermination des habitants.
Les anglais sont restés ici 300 ans, jusqu'à la bataille de Castillon le 17 juillet 1453 qui mit fin à la guerre de 100 ans. Depuis, plus rien, sauf les bombardements américains de 1944, mais il paraît que c'était pour notre bien !
Cette même année de 1453 a vu, le 29 mai, la chute de Constantinople dont toute la population fut exterminée, là aussi, par les musulmans. Les turcs appelèrent la ville Istanbul. On a peine à croire aujourd'hui que pendant que le canon battait les murailles, les autorités discutaient du sexe des anges ! Authentique.
Quelle réflexion nous amènent ces deux événements simultanés ?
Pour Constantinople, nous voyons une sorte d'inconscience, d'aveuglement volontaire, chez des gens que des siècles de sécurité avaient rendus incapables d'imaginer l'horreur qui se préparait.
Pour Bordeaux de nos jours, nous avons aussi cette sorte d'étonnante attitude qui pousse à ne pas voir ce qui tombe sous le sens. Plus de conflits, même plus de service militaire, et bien sûr, plus de sentiment de notre capacité à reprendre l'initiative en tout.
L'Histoire est un éternel recommencement. En 1453, les européens se battaient entre eux, pour un résultat discutable, alors qu'à nos frontières orientales une tragédie abominable se déroulait, profitant de l'égoïsme général, avec des conséquences que nous payons toujours à l'heure actuelle.
Bien sûr, il y a quelque chose de romantique dans l'individualisme, sauf qu'il s'agit bien souvent d'égoïsme. Bien sûr, il y a quelque chose d'apaisant dans l'optimisme et le pacifisme, sauf que ces nobles sentiments camouflent le plus souvent une assez méprisable lâcheté.
L'Histoire, notre histoire et celle des autres est aujourd'hui, par une sorte d'étrange élégance, méprisée et ignorée.
Et pourtant...
Son étude nous montrerait, à nous qui pratiquons les arts martiaux, ce que coûtent l'inconscience, l'égoïsme et la lâcheté, tout en nous rappelant certaines petites choses oubliées telles que l'entraide, le courage, l'estime de soi, le respect de la parole donnée, et j'en passe.
A la semaine prochaine.