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Cette école d'Arts Martiaux Traditionnels a été fondée à Bordeaux en 1975 par Frédéric DUPERTOUT. Par la forme et par l'esprit, elle ne le cède en rien aux écoles traditionnelles d'arts martiaux que l'on rencontre au Japon. Le karaté, le ju jitsu que l'on y enseigne sont issus des plus vieilles techniques que le Maître SANO Teruo reçut de ses anciens maîtres, et qui furent rassemblées sous le nom de "YOSEIKAN SANO RYU " - et plus récemment - "SANO RYU KARATE JUTSU" _________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ A PROPOS DU COPYRIGHT... Les éléments contenus dans le présent site (textes, photos, images, dessins, vidéos, sons), sauf bien sûr ceux relevant du domaine public, sont la propriété exclusive des Ecoles Bushido ou de leurs auteurs/créateurs. Ils sont issus des collections et archives privées de Maître Frédéric Dupertout, de Maître Mireille Auda, des éditions du Cercle du Jardin Public et de l'association des Ecoles Bushido. Toutes ces archives sont soumises au droit d'auteur. Elles ne peuvent en aucun cas être reproduites, modifiées, diffusées sans l'autorisation écrite et préalable des ayants droits

samedi 15 décembre 2018

LE CASQUE DU SOLDAT MORT


 
Une voie est rarement rectiligne. Celle des arts martiaux ne fait pas exception, elle peut même être particulièrement tortueuse.

Ce que l'on y trouve au début, tout le monde peut, ou croit pouvoir le comprendre, mais elle est "éternelle à travers le temps" (*), elle n'a pas de fin.

C'est donc un cheminement de toute une vie qui nous mènera, non plus à une "simple" compréhension intellectuelle, mais à une transformation, une réalisation, sans laquelle on peut parler d'une vie gaspillée.

En voici un petit exemple...

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Musashi



Un soir d'été, je devais avoir douze ou treize ans, je rentrais à la maison après une de mes longues promenades dans la montagne lozérienne.

A la main, le casque d'un soldat allemand ramassé dans les bois, et sur le visage le sourire aussi triomphal que si j'avais tué moi-même son propriétaire. Evidemment, lui et ses camarades étaient restés là depuis plus de dix ans, dans l'indifférence générale. La Résistance, guidant la R.A.F. (Royal Air Force) avait été à l'origine d'un vaste massacre et il nous arrivait fréquemment , dans ces forêts isolées, de trouver des restes d'équipement oubliés.

Mon triomphe fut très vite tempéré...

Ma mère, l'air pensif, considéra le casque de l'ennemi :
"Tu vois, il était à peine plus âgé que toi, et sa mère l'a attendu, elle a pleuré, puisqu'il n'est jamais revenu. Et j'espère ne pas avoir à te pleurer moi aussi, et qu'aucun gamin ne trouvera ton casque".

~~oIIIo~~

Quelques années plus tard, à Marseille, j'avais fait le mur du camp de transit de Sainte Marthe pour aller la voir avant le départ. Le lendemain, nous embarquions sur le "Président de Cazalet", direction l'Algérie. Et en la voyant si triste, j'ai repensé au casque de l'Allemand.

~~oIIIo~~

Beaucoup plus tard, au Japon, parmi d'autres techniques avancées, on m'a appris que l'efficacité en combat serait augmentée si je percevais l'adversaire comme un autre moi-même. Un peu comme les deux mains sont reliées l'une à l'autre. J'étais désormais plus vieux sans doute que cet Allemand, mais je n'ai jamais pu m'empêcher de faire le rapprochement comme s'il était aussi moi-même.

Il ne s'agit surtout pas d'angélisme, puisqu'il faut bien évidemment gagner, et pas seulement de respect de l'adversaire dont on parle parfois sans savoir. C'est autre chose.

Mais au fond de vous, vous savez peut-être déjà.