Pages

Cette école d'Arts Martiaux Traditionnels a été fondée à Bordeaux en 1975 par Frédéric DUPERTOUT. Par la forme et par l'esprit, elle ne le cède en rien aux écoles traditionnelles d'arts martiaux que l'on rencontre au Japon. Le karaté, le ju jitsu que l'on y enseigne sont issus des plus vieilles techniques que le Maître SANO Teruo reçut de ses anciens maîtres, et qui furent rassemblées sous le nom de "YOSEIKAN SANO RYU " - et plus récemment - "SANO RYU KARATE JUTSU" _________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ A PROPOS DU COPYRIGHT... Les éléments contenus dans le présent site (textes, photos, images, dessins, vidéos, sons), sauf bien sûr ceux relevant du domaine public, sont la propriété exclusive des Ecoles Bushido ou de leurs auteurs/créateurs. Ils sont issus des collections et archives privées de Maître Frédéric Dupertout, de Maître Mireille Auda, des éditions du Cercle du Jardin Public et de l'association des Ecoles Bushido. Toutes ces archives sont soumises au droit d'auteur. Elles ne peuvent en aucun cas être reproduites, modifiées, diffusées sans l'autorisation écrite et préalable des ayants droits

lundi 17 juin 2013

PEUT-ON REMPLIR UNE TASSE PLEINE ?

On croit souvent ne pouvoir progresser que par
amélioration. Mais l'homme a tout autant besoin
de se dépouiller des excroissances rigides, afin
que se révèle l'essence connaissante, que d'ajouter
quoi que ce soit. L'enseignement opère aussi par
exclusion - exclusion de ces éléments qui rendent
l'homme aveugle et sourd.
Idries SHAH
16 juin 1924 - 23 novembre 1996
Indo-Afghan - mère écossaise
A ma connaissance, Idries SHAH n'avait rien à voir avec le karaté. C'était un philosophe soufi contemporain, mais qui, sans les avoir forcément approchés, a constaté les mêmes évidences que les maîtres d'arts martiaux des temps anciens.
En effet, il est facile de s'apercevoir que l'on ne peut rien enseigner à celui qui est déjà rempli de certitudes. Souvent on ne peut même pas attirer son attention sur ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure, mais ne correspond pas à l'image qu'il s'est forgée de la réalité.
Ceci est valable pour les thèses scientifiques comme pour les convictions morales ou même religieuses. Et c'est encore plus net pour les prises de positions politiques.
Dans le cas de l'apprentissage d'un geste ou d'un ensemble d'attitudes gestuelles, le plus gros obstacle à surmonter est l'élimination de l'image fausse que l'on se fait d'une technique. En d'autres termes, même s'il n'y a aucun empêchement physique, si je me représente le geste de façon erronée, je le ferai de façon erronée.
Conclusion ? En théorie c'est fort simple : il suffit de se débarrasser de cette image fausse pour que la bonne, donc le bon geste, puisse exister. En réalité, on tient tellement à ses erreurs que l'on préfère renoncer au progrès que "renoncer à soi-même". En effet, il est parfois déchirant de s'avouer que l'on s'est trompé jusque là.
Une attitude mentale se reflète toujours dans une gestuelle. Toujours. C'est pourquoi on doit agir sur le mental si on veut agir sur le physique -  et réciproquement d'ailleurs.
Certains croient, s'imaginent qu'ils vont progresser en accumulant, en entassant les connaissances. A un certain degré c'est évident, mais encore faut-il que tout le savoir soit "juste"...
A très bientôt.

lundi 10 juin 2013

LA PEUR 2/2

Il y a bien sûr beaucoup de façons d'avoir peur. Depuis l'épouvante, la terreur de celui que l'on va torturer à mort, jusqu'à celui ou celle qui a peur des souris. Dans ce dernier cas on parlera de phobie, du grec Φόϐος (*) : peur, effroi. Par exemple, la gymnophobie ne sera pas la peur de la gymnastique, mais de la nudité. L'apeirophobie ? Peur de l'infini, rien à voir avec l'alcoolisme. Quant à la pantophobie, c'est la peur de tout, tout simplement. Il est curieux de voir que certaines de ces peurs sont considérées comme un délit... mais passons. Bien sûr, si vous n'aviez peur de rien, ni de personne, nul ne pourrait s'arroger de droits sur vous, mais ne regrettons rien : la vie elle-même ne serait pas imaginable sans la peur.
On ne peut pas la supprimer. Ceux qui ne l'ont jamais éprouvée ne sont pas des héros, mais tout simplement des gens qui ont su se mettre à l'abri. Et pourquoi pas ? Du moment qu'ils ont la décence de ne pas prétendre imposer un avis sur le sujet.
Ceci dit, en cas de danger, quel qu'il soit, si on laisse la peur nous envahir, on perd tous ses moyens. Alors, que faire ?
Les arts martiaux apportent une réponse assez précise à cette question. Rappelons tout d'abord que l'entraînement mental, psychique, émotionnel doit être aussi intensif que la partie physique, faute de quoi on fait de l'expression corporelle, ce qui ne solutionne rien. La peur doit être regardée en face, affrontée. On doit se préparer à sa venue tout en essayant d'évaluer le danger de façon précise.
Les gestes du karaté, étudiés au dojo évoquent tous un scenario violent. Par conséquent ils doivent impérativement être exécutés en se représentant exactement la scène réelle, en se plongeant dans l'ambiance. Ne jamais travailler par exemple un coup de pied sans "vivre" les peurs que vous risquez d'éprouver à ce moment-là : peur de la défaite, de la blessure, de la mort... Peur d'avoir peur, peur d'être humilié ou même d'être intimidé. Peur enfin de faire de trop gros dégâts et de provoquer un désastre.
Regardez la peur, entraînez-vous à la fréquenter et à rester vous-même en sa compagnie. Efforcez-vous de vivre en bonne intelligence avec elle.
Alors, et dans tous les domaines, vous serez surpris des résultats.

A très bientôt...

(*) "Phobos"

mardi 4 juin 2013

LA PEUR 1/2

On peut affirmer que celui qui n'a pas connu la peur au moins une fois dans sa vie est privé d'une dimension. Et il est bien possible que cette dimension soit essentielle à notre développement, à notre compréhension du monde qui nous entoure.

Je parle ici de la peur intense, dévastatrice, face à un danger bien visible ou bien prévisible, mais il existe beaucoup de raisons d'être pris par l'angoisse et l'anxiété. Sans aller jusqu'à nous terrifier, ces ressentis peuvent suffire à nous gâcher la vie.

Lorsque j'étais enfant, puis adolescent, des amis de mon grand-père venaient parfois manger à la maison. C'étaient tous des anciens de la guerre de 14-18, rescapés de Verdun, blessés pour la plupart, et une chose m'avait très tôt frappé chez ces héros médaillés : leur soumission devant l'autorité (gendarmes, administration, etc.). On aurait presque dit que ces géants devenaient craintifs.

On le voit, ce terrible sentiment peut être léger s'il le faut, ne pas nous attaquer de front, mais personne ne peut s'en protéger complètement. Nous sommes donc condamnés à vivre avec.

Il n'y a pas de honte à avoir peur face au danger. Pas plus qu'il n'y en a à transpirer quand il fait chaud. Encore faut-il ne pas l'étaler sans pudeur. Mais s'il y a quelque chose de pitoyable et de révoltant à la fois, c'est bien de voir ces donneurs de leçons qui, bien à l'abri, ou s'imaginant l'être, sourient avec condescendance en affirmant que tout va bien grâce à des gens comme eux.

Il n'y a que ceux qui ignorent tout de la peur et du danger qui méprisent cela chez les autres. Comme malgré tout ils se sentent un peu mal à l'aise, ils se drapent ostensiblement dans des attitudes à la mode : pacifisme, non-violence et autres "bien pensance" qui ne sont en fait qu'une certaine forme de lâcheté...

Encore une fois, je n'ai aucun mépris pour celui ou celle qui manque de courage, mais par contre j'aurai de l'admiration pour ceux qui ne s'y attardent pas, qui surmontent, et qui souvent font de grandes choses.

On fait aujourd'hui grand cas de la démocratie athénienne. Si le terme a été repris par tous les régimes en quête de respectabilité, les applications sont souvent loin du modèle d'origine. Sait-on qu'à Athènes, donc, seuls les citoyens capables de combattre pouvaient voter ? Bien sûr, les étrangers et les métèques (*) en étaient exclus. On estimait sans doute à juste titre que celui qui n'irait pas à la guerre n'était qualifié ni pour la provoquer, ni pour tenter de l'éviter. Celui qui ne connaissait pas la peur dans la bataille, qui ne l'avait pas éprouvée dans sa chair était une sorte d'irresponsable civique.

A suivre...
_____________
(*) meta oïkos : "qui habite plus loin"