J'entends régulièrement certains pratiquants qui, prenant pour cela un air pénétré, m'informent qu'ils agissent pour eux, pas pour les autres. Et chaque fois je leur réponds : "Tiens, c'est une bonne idée, on va tous faire pareil !".
Ceux-là, ce sont les gros malins qui croient pouvoir profiter de ce que tous les autres ont fini par mettre en place, se servir et ne rien rétrocéder. Tant pis pour eux.
Et puis il y a une autre variété de gens, qui donnent un peu plus envie de les aider malgré leur repli sur soi. Ce sont ceux à qui on a bourré le crâne avec des clichés un peu primitifs, et qui les ont crus. En voici quelques exemples :
- si tu t'en sors tout seul, tu seras fier de toi
- en cas de difficulté, ne compte que sur toi
- la vie est un combat, chacun pour soi
- ne compte pas sur les autres
- ...
Matériellement, on voit tout de suite que pour s'entraîner, on a besoin d'un dojo (qui s'en occupe ?), d'un professeur (au prix de quels efforts est-il devenu tel ?), des anciens (du moins ceux qui donnent l'exemple) et on pourrait allonger la liste. Par conséquent, dans une école d'arts martiaux, on pourrait se rappeler ce vers d'une chanson de marin : "Au cabestan, il faut qu'tout l'monde y soye" (*)
Mais les choses ne s'arrêtent pas là : rien ne se réalise sans qu'il y ait un esprit, une idée à l'origine. Alors, s'en sortir tout seul ? Ne compter que sur soi ? Agir chacun pour soi ? Ne compter sur personne ?
Ceux qui disent ou pensent cela sont tout simplement ceux qui refusent de reconnaître l'évidence. Ils essaient bel et bien de justifier leur mentalité de profiteurs et se croient très malins. Aucune société ne peut vivre si elle est composée de telles gens.
Sinon, observez un peu à quoi ressemblent - ou finissent par ressembler - ces brillants "winners" (**) Aimeriez-vous vraiment être comme eux, moralement et physiquement ?
Ceci vaut pour le karate comme pour toutes les difficultés, désastres et autres joyeusetés de la vie.
A bientôt !
(*) "Chantons pour passer le temps" chanson de marins normands.
(**) Pour une fois, excusez l'anglicisme !