Je suis toujours frappé par le sérieux imperturbable avec lequel les théories censées nous sécuriser, et en réalité ne reposant sur rien, me sont régulièrement assénées par des adeptes d'un conformisme à la mode... et qui n'ont jamais eu à affronter le danger, la peur et tout ce qui va avec, bien sûr.
Il est toujours facile de camoufler ses faiblesses, pourtant bien compréhensibles, derrière des affirmations sans fondement, mais qui, à force d'être entendues, finissent par paraître vraies. Beaucoup de gens ont des vies difficiles, parfois même décourageantes, à tel point qu'on peut comprendre cette tendance à se réfugier dans le rêve conformiste. Mais quand même...
Il n'est pas besoin d'être grand psychologue pour se rendre compte que, à peine sortis d'une adolescence passée à avaler les affirmations les plus débiles (et les plus débilitantes), la plupart des gens ont peur, très peur même, et sans oser se l'avouer. Peur résignée, peur agressive le plus souvent, aiguë ou diffuse, mais peur permanente qui fait de profonds ravages dans des psychismes déjà affaiblis (on sait qu'une personne sur cinq (cinq !) souffre de troubles psychiatriques). Alors on nous explique qu'il n'y a aucune raison de s'inquiéter, que c'est de la parano (oui... et alors ?) et qu'il ne faut pas être négatif. C'est quand même un peu léger. Heureusement, il existe des positions plus sérieuses.
Être sérieux, c'est tout d'abord évaluer la situation (je dis "situation" par manière de politesse) le plus objectivement possible, à l'aide du plus grand nombre d'informations possible et en laissant de côté, si possible, nos convictions morales et autres pré-jugés. Et là, seulement, on pourra décider de la conduite à tenir, mais en toute connaissance de cause et en fonction de notre tempérament et de nos capacités.
Curieusement, on observe que des doctrines très opposées peuvent donner la victoire. Par exemple : les premiers chrétiens ont, dans un premier temps, accepté et, paraît-il, recherché le martyr... et ils ont fini par triompher ! Les Américains ont lancé des bombes atomiques... et ils ont triomphé ! Aucun des deux, cependant, n'a fait les choses à moitié, n'en déplaise aux partisans du "juste milieu".
Le danger, en tout cas, est une expérience profonde et il serait dommage de refuser de voir à quel point... A nous de trouver la suite. Mais la permanence du danger est une expérience usante, dévastatrice parfois, et tout nous pousse à faire des concessions, à renoncer, à capituler...
On trouve toujours - ou presque - des consolations dans la capitulation, et on essaie de croire que ce sont des avantages. Mais ce n'est que rarement le cas. En réalité, la capitulation est une démarche assez facile qui conduit à une expérience épouvantable.
Réfléchissons-y bien.