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Cette école d'Arts Martiaux Traditionnels a été fondée à Bordeaux en 1975 par Frédéric DUPERTOUT. Par la forme et par l'esprit, elle ne le cède en rien aux écoles traditionnelles d'arts martiaux que l'on rencontre au Japon. Le karaté, le ju jitsu que l'on y enseigne sont issus des plus vieilles techniques que le Maître SANO Teruo reçut de ses anciens maîtres, et qui furent rassemblées sous le nom de "YOSEIKAN SANO RYU " - et plus récemment - "SANO RYU KARATE JUTSU" _________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ A PROPOS DU COPYRIGHT... Les éléments contenus dans le présent site (textes, photos, images, dessins, vidéos, sons), sauf bien sûr ceux relevant du domaine public, sont la propriété exclusive des Ecoles Bushido ou de leurs auteurs/créateurs. Ils sont issus des collections et archives privées de Maître Frédéric Dupertout, de Maître Mireille Auda, des éditions du Cercle du Jardin Public et de l'association des Ecoles Bushido. Toutes ces archives sont soumises au droit d'auteur. Elles ne peuvent en aucun cas être reproduites, modifiées, diffusées sans l'autorisation écrite et préalable des ayants droits

mercredi 3 juin 2015

NOS DIPLOMES "MENKYO" (voir le billet du 27 mai 2015 de Frédéric Dupertout)

Le diplôme HANSHI de Frédéric Dupertout,
décerné le 1er mai 2015 par Maître SANO Teruo,
co-signé par son successeur YOKOTANI Takeshi


Le diplôme KYOSHI de Mireille AUDA,
décerné le 1er mai 2015 par Maître SANO Teruo,

co-signé par son successeur YOKOTANI Takeshi


mercredi 27 mai 2015

LES TITRES ET GRADES D'ORIGINE FEODALE "MENKYO"

Ce mois de mai 2015 aura été marqué d'un événement tout à fait exceptionnel, du moins dans l'histoire des Ecoles Bushido. En effet, le 1er mai, SANO sensei a apposé son sceau sur deux diplômes très rarement accordés à des non-japonais. Mireille AUDA s'est ainsi vu décerner le grade de KYOSHI, et moi-même celui de HANSHI.

Pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec ces termes, je me réfèrerai simplement aux définitions de Claude FALOURD, maître d'aïkido, qui a d'ailleurs bien connu le Yoseikan et maître Mochizuki. Elles ont l'avantage de la concision.

Je cite :
Il existe aussi le système honorable de grades. Ici, on reconnaît le niveau dans la connaissance de l'Art Martial selon le système japonais "MENKYO"* (titres de Renshi, Kyoshi, Hanshi), qui insiste sur la valeur morale interne du titulaire. Ces grades (base interne) sont toutefois liés à la possession de grades externes et confortent ceux-ci. Le système MENKYO est supérieur au système des "dan" et des "kyu".
[...]
RENSHI : "Expert achevé en technique" (4e, 5e et 6e dan) - assiste souvent un Kyoshi.
KYOSHI : "Expert instructeur" avec la maîtrise interne et mentale avancée (kokoro). Les 5e, 6e ou 7e dan sont les chefs instructeurs ou assistants du Hanshi.
HANSHI : "Maître respecté" (8e, 9e et 10e dan). Maîtrise extérieure et intérieure avancée avec état de conscience spirituelle. A noter que tous les "Maîtres" de 8e à 10e dan ne reçoivent pas ce titre.
[...]
_____________________
*Le titre "MENKYO" atteste que le porteur a été initié aux enseignements "profonds", "supérieurs" ou "secrets" (Renshi, Kyoshi, Hanshi, Meijin*). C'est en quelque sorte une "attestation de connaissance" qu'il doit faire évoluer, fructifier, c'est un non retour qu'il aura toute sa vie, contrairement aux "dan" techniques qui se dégradent dans le temps si le travail ne va que dans le sens technique.
*Dans les arts martiaux authentiques, la "perfection intérieure" (IKO KOKORO) est un critère qui compte plus que l'efficacité. Si bien qu'un 4e ou 5e dan, qui correspond plus ou moins au titre de Renshi (maîtrise physique) peut parfaitement ne jamais être titré Renshi s'il n'a pas le "kokoro", et cela seuls les détenteurs des titres supérieurs sont capables de le juger.
*Inversement un Kyoshi (maîtrise intérieure), qui correspond plus ou moins à un 6e ou 7e dan, peut, au dojo, parfaitement n'avoir qu'une efficacité de 3e ou 4e dan. Mais dans la vie, et notamment en combat de survie, il aura toutes les chances d'éliminer un 5e ou 6e dan sportif.
*En ce sens, ce que l'on reconnaît dans un dan, c'est l'efficacité du moment, en compétition conventionnelle. Ce que reconnaît un titre martial, c'est l'efficacité totale et irréversible du titulaire dans la vie. Puisque la vie est un combat de tous les domaines, cela peut expliquer pourquoi certains "très hauts dan" n'ont jamais été capables de faire quelque chose de remarquable dans leur vie... en quelque sorte, bien qu'ayant été des combattants exceptionnels, ils n'ont fait que "jouer" au Karaté, Judo, Aïkido, Kendo, etc...

Je crois que tout est dit...

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* Meijin : "plus qu'humain" ; décerné par l'Empereur à certains 10e dan

jeudi 5 février 2015

SRI AUROBINDO

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Sri Aurobindo, on pourra rappeler qui était ce yogi, précédant Gandhi d'une quinzaine d'années dans son rôle clef pour l'indépendance de l'Inde, qui a laissé une oeuvre littéraire d'une très haute spiritualité et a fondé Auroville, près de Pondichéry.

Le contexte de l'époque était particulièrement violent, jusques et y compris au départ des Anglais et à la partition de l'Inde débouchant sur la naissance du Pakistan. Il m'a semblé intéressant de mettre en lumière l'opinion de celui qu'on considère comme un des phares de la spiritualité de l'Inde contemporaine au sujet de la guerre et de la violence.
"La guerre et la destruction sont un principe universel qui gouverne non seulement notre vie purement matérielle ici-bas, mais même notre existence mentale et morale. Il est évident, pratiquement, que dans sa vie intellectuelle, sociale, politique et morale, l'homme ne peut pas faire un pas en avant sans une bataille ; une bataille entre ce qui existe et qui vit, et ce qui cherche à exister et à vivre, et entre tout ce qui se trouve derrière l'un et l'autre. Il est impossible, du moins en l'état actuel de l'humanité et des choses, d'avancer, de grandir, de s'accomplir et, en même temps, d'observer réellement et absolument le principe d'innocence que l'on nous propose comme la règle de conduite la meilleure et la plus haute. Nous emploierons seulement la force d'âme et ne détruirons jamais par la guerre, ni même par la violence physique pour nous défendre ? Très bien, mais en attendant que la force d'âme soit efficace, les forces démoniaques dans les hommes et dans les nations écrasent, démolissent, massacrent, brûlent et violent comme nous le voyons aujourd'hui ; elles pourront alors le faire tout à leur aise et sans obstruction ; et vous aurez peut-être causé la destruction d'autant de vies par votre abstention que d'autres par leur violence... Il ne suffit pas d'avoir les mains propres et des âmes sans taches pour que la loi de la bataille et de la destruction disparaisse du monde. Il faut d'abord que ce qui est à leur base disparaisse de l'humanité. L'immobilité et l'inertie qui refusent de se servir des moyens de résistance au mal ou qui sont incapables de s'en servir n'abrogent pas la loi, encore moins. En vérité l'inertie fait beaucoup plus de mal que le principe dynamique de la lutte qui, au moins, crée plus qu'il ne détruit. Par conséquent, si l'on regarde le problème de l'action individuelle, s'abstenir de la lutte sous sa forme physique la plus visible et de la destruction qui l'accompagne inévitablement vous donne peut-être une satisfaction morale mais laisse inaboli le DESTRUCTEUR DES CREATURES."
Sri Aurobindo, "Essais sur la Gîtâ"

A bientôt...

vendredi 9 janvier 2015

LE KARATE NE M'APPORTE PLUS RIEN...

Il arrive parfois que le découragement, la fatigue, les soucis omniprésents nous donnent envie de... eh bien de rien. De rien du tout, car dans ces moments-là, on n'a vraiment plus goût à rien.

Alors, on se demande si, en fin de compte, le karate nous apporte toujours quelque chose. La réponse est claire : il ne nous amènera nulle part, en effet. Alors pourquoi vous fatiguer ? Cessez donc ces vains efforts, vous avez sûrement des choses beaucoup plus intéressantes à faire, et là, vous allez enfin vous épanouir !

Bien. Et si vous n'êtes pas tout à fait convaincu ?... En fait, le problème est mal posé : la question n'est pas de savoir ce que vous retirez du karate, mais bien plutôt ce que vous y apportez. Ce que vous apportez au karate, c'est à dire à votre école, à ces débutants pour qui vous représentez peut-être un exemple, au progrès en général. En devenant plus fort, vous contribuez à faire exister votre art, en un mot vous servez à quelque chose.

Je ne vois pas ce que j'aurais pu trouver de mieux...

Il n'y a, en effet, pas grand chose qui soit aussi destructeur que cela : la constatation que l'on ne sert à rien ni à personne. Cela fait partie de ces fléaux qui mènent souvent au désespoir et à la drogue. Et cette sensation déprimante d'un karate qui ne vous apporte plus rien a toutes les chances d'être en réalité ce qui arrive quand vous ne désirez plus rien apporter au budo.

Il ne s'agit pas là d'une vague morale de patronnage à l'usage de gentils rêveurs (je vous rappelle qu'il s'agit de gagner...), mais du rappel d'une loi universelle très simple : vous ne profiterez qu'en fonction de ce que vous donnerez. A part peut-être chez les débutants, c'est une règle qui ne connaît aucune exception.

A une prochaine fois !

mercredi 17 décembre 2014

SYNCRETISME ET ARTS MARTIAUX

Le syncrétisme est un mélange souvent hétéroclite dont les promoteurs prétendent qu'ils ont réuni ce qu'il y avait de mieux dans différentes traditions. Si cette démarche suscite souvent l'enthousiasme dans les premiers temps, c'est rarement dans la durée.

Le syncrétisme est toujours une dégénérescence. Il apparaît lorsqu'on ne connaît pas la valeur exacte des enseignements traditionnels ainsi que des symboles.

On s'en empare pour fabriquer un ensemble généralement facile à comprendre, d'autant plus facile que sa portée est plus limitée. Au risque de me répéter, c'est toujours une dégénérescence.

Il ne s'agit pas d'une démarche consistant à essayer de comprendre ce qui se fait ailleurs, ni même de se moderniser (sans pour autant oublier les traditions). Là, il n'y aurait rien à dire. Il s'agit au contraire de cette tendance regrettable qu'ont certains à bricoler un amalgame dans lequel les enseignements anciens disparaissent, ne serait-ce que parce que les "maîtres" ne les connaissent pas.

Cette manie du syncrétisme se retrouve malheureusement un peu partout : les religions (y compris les yoga), les arts graphiques, la musique (hélas !), l'architecture et... les arts martiaux. 

Il faut beaucoup de choses pour faire un homme, encore plus pour faire un budoka, c'est-à-dire un homme accompli. Cette optimisation le rendra plus redoutable dans le combat, mais justement parce qu'il connaîtra beaucoup d'autres choses.

Pour citer un exemple concret : je connais bien des pratiquants qui, ignorant la manière de décoder un kata pensent qu'il ne sert à rien d'y perdre son temps et qu'il vaut mieux forcer sur la musculation et rajouter à leur mince bagage quelques techniques glanées ici ou là. Sans rien approfondir. Bien que cela puisse parfois produire des gens très dangereux, croyez-vous que l'on puisse remplacer par un bricolage disparate l'expérience séculaire de gens qui ont baigné dans la guerre et le combat depuis toujours ? Personne ne peut le croire sérieusement.

Voilà pourquoi, soucieux de réalisation de soi, d'efficacité et de victoire, nous nous efforçons d'approfondir ce savoir qui nous vient de si loin.

A bientôt !

mercredi 26 novembre 2014

LE DECOURAGEMENT

Le découragement se manifeste de manières fort diverses : parfois il est le résultat de longues périodes d'échecs, la constatation que le succès est constamment remis à plus tard, et parfois au contraire, il s'abat comme une masse après un épisode cataclysmique que l'on percevra comme irréparable.

Certains y sont plus résistants quie d'autres, certains se ressaisissent assez vite alors que d'autres seront définitivement brisés mais, en fin de compte, rares, très rares sont ceux qui en sont totalement à l'abri.

Il peut paraître étonnant de constater que, même à des époques assez reculées, évoluant dans des contextes et des systèmes de pensée forcément très différents des nôtres, l'être humain réagissait de la même manière. Si on lit (ou si on relit !) les auteurs et les historiens latins - César, Tacite, Suétone, Ammien Marcelin - ou grecs - Thucydide, etc., on retrouve souvent un fait qui m'avait frappé dans son horreur et sa tristesse : les soldats vaincus, qui s'étaient battus comme des loups dans des conditions effrayantes devenaient immédiatement amorphes et soumis dès lors qu'ils étaient pris et conduits en esclavage. D'après tous ces auteurs, la métamorphose était presque immédiate, la résignation totale.

L'Europe de l'ouest, où nous vivons, est en ce moment exempte de telles tragédies et pourtant le découragement est omniprésent, qu'il se manifeste par un renoncement général, un déni de tout ce qui dérange ou une fuite crispée dans des habitudes absurdes.

Toutes ces réflexions n'ont de raison d'être que si nous précisons notre position à ce sujet : tôt ou tard, nous sommes tentés de baisser les bras, ou même de capituler... A la suite de quoi ? Pour quelle raison ? Mais la question importante, la question finale est : allez-vous baisser pavillon une fois pour toutes ?...


Ou allez-vous réagir ? Et ça prendra combien de temps ?

C'est la question que je vous pose !

A bientôt !

lundi 29 septembre 2014

LA RENTREE... ET VOTRE PROGRESSION

C'est la rentrée ! Vers le milieu du mois de septembre, après le repos estival, les enfants rentrent à l'école, leurs parents suivent le mouvement, et toute la société fonctionne imperturbablement sur ce rythme. Cette habitude est tout à fait charmante, un peu désuète, comme un parfum d'autrefois...

Sauf que votre agresseur n'attendra pas la rentrée !

Et votre progression dans tout ça ? Elle ne se résume pas en un mot, car il faut beaucoup de choses pour faire un ceinture noire, et encore plus pour faire un karateka accompli. Apprendre à se battre, et surtout à gagner est bien sûr indispensable et déjà, quand vous en serez là, ce ne sera pas si mal. Mais que dire du reste ?...

Rudyard Kipling, vous connaissez ? Mais si, le Livre de la Jungle, Mowgli (je parle du livre, bien sûr, pas de ce navrant dessin animé que les américains en ont tiré), L'Homme qui voulait être Roi, etc. Eh bien, Kipling a écrit un poème remarquable, sobrement intitulé "If". En voici la traduction française - et l'interprétation - par André Maurois :

Si...
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Rudyard Kipling
1865-1936

  Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
  Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

  Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
  Sans un geste et sans un soupir ;


  Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
  Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
  Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,

  Pourtant lutter et te défendre ;
   
  Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
  Travesties par des gueux pour exciter des sots,
  Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles

  Sans mentir toi-même d'un mot ; 


Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

 
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
 

Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;

 
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !

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Rudyard Kipling

Et pour les puristes de la langue anglaise, l'original :

If
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Portrait de Kipling
par John Collier (1891)
If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you.
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting.
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good, nor talk too wise:

If you can dream -and not make dreams your master
If you can think -and not make thoughts your aim
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools.
Or watch the things you gave your life to broken,
And stoop and build'em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: "Hold on!"

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings -nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute,
With sixty seconds' worth of distance run.
Yours is the Earth and everything that's in it,
And -which is more- you'll be a Man, my son!