Aussi loin que
l'on remonte dans les époques lointaines, les arts martiaux aussi bien
chinois que japonais ont été représentés et enseignés par des
personnages qui étaient aussi bien des maîtres tueurs que des
thérapeutes.
Il
peut bien sûr sembler curieux qu'un tueur éprouve l'envie de soigner et
en développe les capacités, ou qu'un médecin soit aussi un virtuose du
meurtre, et pourtant les deux extrêmes ne sont pas si éloignés que l'on
pourrait le croire.
I - LA MAIN QUI TUE
I - LA MAIN QUI TUE
Il
n'est pas si facile de tuer quelqu'un. Cela pose des problèmes
techniques et moraux. Des méthodes de plus en plus savantes et efficaces
ont donc vu le jour au sein de nombreuses écoles, parfois très
différentes.
Le
perfectionnement, le geste précis devait augmenter le pouvoir de
destruction, bien sûr, mais aussi permettre de nuancer l'effet du coup,
dans un souci d'élégance autant que de maîtrise des événements. Pour
cela il devint nécessaire de comprendre le fonctionnement du corps, de
l'esprit, et de ce qui les réunit en un tout indissociable.
Il
est facile de comprendre qu'un os brisé ne remplisse plus son rôle,
mais plus difficile d'admettre qu'un petit choc puisse provoquer une
syncope,
On
peut bien sûr blesser par accident, sans le vouloir et par un
malheureux hasard, mais on ne peut évidemment pas compter sur le hasard
face à des adversaires résolus. La maîtrise, que ce soit pour un
musicien, un artisan, un peintre ou un karateka peut se définir
comme la capacité pour la main, mais aussi pour tout le corps, de
rejoindre le bon endroit, avec la bonne force sans que le mental
n'intervienne. Le corps parle à la matière extérieure, un peu comme si
la main, le corps, les adversaires et le paysage ne faisaient qu'un.
Il
est extrêmement rare que ces capacités soient innées. Et même dans ce
cas, il faudra les travailler. Ce travail ne peut pas se faire autrement
que par transmission directe avec votre maître.
Voilà pour la MAITRISE.
Lorsqu'on arrive à contrôler l'esprit et qu'il agit en symbiose avec le corps, on pourra parler de GRANDE MAITRISE.
A la semaine prochaine
La semaine prochaine : LA MAIN QUI GUERIT
A partir de là, je dirai qu'il faut frapper avec l'esprit et non pas seulement avec le corps; à un niveau de grande maîtrise, je pense que le corps et l'esprit forment une unité, ce qui n'est pas étranger à la conception asiatique de la dualité occidentale corps/esprit.
RépondreSupprimerVous parlez de combat sans que le mental n'intervienne. La main, le corps, l'adversaire et le paysage qui ne feraient plus qu'un.
RépondreSupprimerPeut-on comparer ceci à une forme d'état de transe du combattant?
Sans dédoublement mais avec une incorporation de cet environnement "extérieur" à son WA.
Je ne connais pas cette notion de Wa, mais je crois que le perfectionnement des gestes amène à la concordance ou la discordance avec l'adversaire. Donc, je voudrais introduire une autre notion qui se rapporte à la cadence, à savoir le hyoshi qui, inévitablement, ne s'appréhende qu'avec la pratique progressive. Pour moi, le Wa est un peu ce que peut signifier le hyoshi (ainsi que le maaï) lors d'un combat. Connaître le hyoshi ou la cadence de l'adversaire et agir en fonction, pour moi, c'est cela l'harmonisation avec ce dernier et l'environnement.
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