Les samouraïs japonais, nous l'avons vu, avaient une obligation éthique et sociale de se différencier des simples brutes, des simples tueurs auxquels il manquait tout de même une dimension, même s'ils étaient redoutables.
La chevalerie européenne, on le sait, fut très vite tenue à des obligations semblables. Un bel exemple nous est donné par un roman de chevalerie, roman initiatique passionnant écrit au XIIe siècle par Chrétien de Troyes : Perceval ou le Conte du Graal .
Perceval, fils d'un chevalier mort au combat et élevé par sa mère, pauvre et isolée de tout, veut lui-même être chevalier, alors qu'il ne possède pas les codes et n'a pas reçu l'initiation. Dès lors, il s'imagine qu'il suffit de porter le haubert et les armes, et de vaincre en combat. Evidemment, ça ne suffit pas.
Un champion, même bien vêtu et entouré de flatteuses relations, n'est pas pour autant un chevalier, bien entendu. A telle enseigne que, même reçu à la table du Roi, en présence des chevaliers de sa cour (de vrais chevaliers ceux-là), il laisse à deux reprises le Graal lui échapper, pour une erreur, minime à ses yeux, et pourtant fondamentale .
Je ne vous en dis pas plus, vous découvrirez tout cela en lisant l'oeuvre de Chrétien de Troyes (1).
Les connaissances, les codes, et surtout l'initiation indispensable pour s'intégrer à la chaîne, à la lignée, différencient le chevalier du tueur, il faut s'en souvenir. Le Graal, au départ un plat pour la table, désignera par la suite un calice ayant contenu le sang du Christ sur la croix, et par extension, ce sera la recherche, la quête d'un idéal presque inaccessible pour l'initié.
Cette quête sera spirituelle autant que culturelle.
A bientôt !
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(1) L'édition qui me semble la plus accessible est : Perceval ou le Conte du Graal - Classiques de Poche - Le Livre de Poche.
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