Il y a bien sûr beaucoup de façons d'avoir peur. Depuis l'épouvante, la terreur de celui que l'on va torturer à mort, jusqu'à celui ou celle qui a peur des souris. Dans ce dernier cas on parlera de phobie, du grec Φόϐος (*) : peur, effroi. Par exemple, la gymnophobie ne sera pas la peur de la gymnastique, mais de la nudité. L'apeirophobie ? Peur de l'infini, rien à voir avec l'alcoolisme. Quant à la pantophobie, c'est la peur de tout, tout simplement. Il est curieux de voir que certaines de ces peurs sont considérées comme un délit... mais passons. Bien sûr, si vous n'aviez peur de rien, ni de personne, nul ne pourrait s'arroger de droits sur vous, mais ne regrettons rien : la vie elle-même ne serait pas imaginable sans la peur.
On ne peut pas la supprimer. Ceux qui ne l'ont jamais éprouvée ne sont pas des héros, mais tout simplement des gens qui ont su se mettre à l'abri. Et pourquoi pas ? Du moment qu'ils ont la décence de ne pas prétendre imposer un avis sur le sujet.
Ceci dit, en cas de danger, quel qu'il soit, si on laisse la peur nous envahir, on perd tous ses moyens. Alors, que faire ?
Les arts martiaux apportent une réponse assez précise à cette question. Rappelons tout d'abord que l'entraînement mental, psychique, émotionnel doit être aussi intensif que la partie physique, faute de quoi on fait de l'expression corporelle, ce qui ne solutionne rien. La peur doit être regardée en face, affrontée. On doit se préparer à sa venue tout en essayant d'évaluer le danger de façon précise.
Les gestes du karaté, étudiés au dojo évoquent tous un scenario violent. Par conséquent ils doivent impérativement être exécutés en se représentant exactement la scène réelle, en se plongeant dans l'ambiance. Ne jamais travailler par exemple un coup de pied sans "vivre" les peurs que vous risquez d'éprouver à ce moment-là : peur de la défaite, de la blessure, de la mort... Peur d'avoir peur, peur d'être humilié ou même d'être intimidé. Peur enfin de faire de trop gros dégâts et de provoquer un désastre.
Regardez la peur, entraînez-vous à la fréquenter et à rester vous-même en sa compagnie. Efforcez-vous de vivre en bonne intelligence avec elle.
Alors, et dans tous les domaines, vous serez surpris des résultats.
A très bientôt...
(*) "Phobos"
Cet article met vraiment les idées en place pour toutes les heures d'entraînement que j'ai vécues en recherchant uniquement le geste qui s'approchait le plus de ce que j'avais cru percevoir pendant la démonstration magistrale. J'avais complètement occulté cet aspect fondamental de vivre ma ou mes peur(s) en venant au Dojo avec la joie de rencontrer des amis combattants. Et pourtant Maître DUPERTOUT nous martèle les mots justes et les exemples multiples des situations qu'il a vécues... Roch
RépondreSupprimer